1 décembre 2014 1 01 /12 /décembre /2014 17:44

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http://prendsgardealadouceurdeschoses.blogspot.fr/

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18 octobre 2014 6 18 /10 /octobre /2014 10:12
Entre mer et marais

Des lames d'éoliennes dépassent des arbres, donnant un air improbable aux bosquets que je vois disparaître à reculons à travers la vitre du train. Le paysage est plongé dans l'ombre, le soleil caché derrière un épais petit rideau de nuages poussé par les vents d'altitude. Rapidement, le rideau avance, et le soleil revient dans l'habitacle.

Des champs et des vignes à perte de vue, quelques collines au loin, mes voisins de compartiment en clair-obscur ; j'observe le balai incessant des voitures qui font la course avec le wagon, essaie d'imaginer le nombre de véhicules circulant sur terre, puis, abasourdie par l'impossibilité de la tâche, retourne à mon planning multicolore.

Des gens s'agitent, le train ralentit. Nous approchons de Montpellier. Évelyne pense que nous sommes à Sète, alors nous guettons les quais pour attraper le nom de la ville. Des dizaines de wagon de marchandises nous rendent la mission quelque peu difficile. Nous avons toutes les deux perdues, nous sommes à Narbonne, où nous ne nous arrêtons pas.

J'apprends que le mimosa est une sorte d'acacia grâce aux grilles de mots fléchés de ma compagne de voyage.
Nous discutons des métiers que nous avons voulu faire lorsque nous étions enfants, puis le soleil se couchant sur les marais en approchant de Sète me fait sortir le reflex. Je capture rapidement quelques clichés, doutant de pouvoir les exploiter plus tard, mais appréciant le cliquetis des miroirs au déclenchement, qui rythme les cahots du train.

Entre mer et marais

 

 

Un léger mal de crâne me donne la sensation d'être groggy.

 

 

Entre mer et marais

"Allez tranquillement parmi le vacarme et la hâte, et souvenez-vous de la paix qui peut exister dans le silence. Sans aliénation, vivez, autant que possible, en bons termes avec toute personne. Dites doucement et clairement votre vérité. Écoutez les autres, mêmes les simples d'esprit et les ignorants : Ils ont eux aussi leur histoire. Évitez les individus bruyants et agressifs, ils sont une vexation pour l'esprit. Ne vous comparez avec personne : Il y a toujours plus grand et plus petit que vous. Jouissez de vos projets aussi bien que de vos accomplissements. Ne soyez pas aveugle en ce qui concerne la vertu qui existe.

Soyez vous-mêmes. Surtout, n'affectez pas l'amitié. Non plus, ne soyez cynique en amour car il est, en face de tout désenchantement, aussi éternel que l'herbe. Prenez avec bonté le conseil des années en renonçant avec grâce à votre jeunesse. Fortifiez une puissance d'esprit pour vous protéger en cas de malheur soudain. Mais ne vous chagrinez pas avec vos chimères : de nombreuses peurs naissent de la fatigue et de la solitude.

Au-delà d'une discipline saine, soyez doux avec vous-même. Vous êtes un enfant de l'univers, pas moins que les arbres et les étoiles. Vous avez le droit d'être ici. Et, qu'il vous soit clair ou non, l'univers se déroule sans doute comme il le devait. Quels que soient vos travaux et vos rêves, gardez, dans le désarroi bruyant de la vie, la paix de votre cœur. Avec toutes ses perfidies et ses rêves brisés, le monde est pourtant beau.

Tâchez d'être heureux."

Texte anonyme trouvé dans une église, Baltimore, 1692

Entre mer et marais
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23 août 2014 6 23 /08 /août /2014 15:38
Promenade italienne

L'envie de bouger me pousse à m'occuper des photos des voyages passés.
Cette envie me prends régulièrement ces dernières semaines, m'incite à imaginer de longs trajets en train, pour aller au nord de la Suède voir des aurores boréales, où en bas de l'Italie pour déguster une pizza roquette, de passer des heures à regarder le paysage, à dégainer Holga pour faire quelques clichés, à recouvrir de mon écriture hasardeuse quelques carnets...

Promenade italienne
Promenade italienne

J'aime imaginer des voyages, je peux rêver des heures entières devant une carte. J'ai chipé à belle-maman un immense atlas qui sent la poussière, et le soir je détaille les côtes des îles Lofoten, j'explore le Yukon, je plonge dans les fosses maritimes, je me balade dans l'Himalaya.

Promenade italienne

Et pourtant, plus le temps passe, moins j'aime voyager. Je préfère préparer les voyages, et les moments qui sont considérés, en général, "entre le voyage", comme les trajets, en train, en bus, en bateau...

Promenade italienne
Promenade italienne

J'aimerais prendre le transsibérien, j'aimerais passer 2 mois sur un cargo qui traverse l'atlantique. Avoir du temps pour penser, pour rêver, pour être vide aussi.

Promenade italienne
Promenade italienne
Promenade italienne

J'ai de moins en moins envie d'aller dans d'autres endroits pour discuter avec des gens, pour être hébergée chez eux. Je commence à apprécier la solitude, seule ou à deux. J'aime les lits anonymes, les gares similaires, les gens qui se ressemblent et que je dévisage à cause de leur singularité.

Promenade italienne
Promenade italienne

Je raffole des petits jeux idiots et sans logique, comme laisser des livres dans les trains, des mots sous les pare-brises ou des cartes postales dans les boîtes aux lettres.


Mon amour de l'épistolaire me fait parfois rêver d'un correspondant dont je ne saurais rien, et dont je saurais tout à la fois. Expérience déjà vécue à de nombreuses reprises, mais dont je ne me lasserais jamais. Les fins de relations épistolaires sont toujours décevantes, il n'y a que moi qui ne me lasse jamais d'écrire, de penser, d'échanger. Alors je finis par trouver une autre personne, qui me lit, qui me réponds.
Peut-être trouverais-je un jour le correspondant parfait, celui qui ne se lasse pas, celui qui a toujours envie d'apprendre, envie de découvrir, envie d'échanger et de tendre un miroir. Qui répondra toujours.

Promenade italienne
Promenade italienne

Un morceau de vie au milieu d'autres morceaux de vie, grapillés de-ci de-là, comme ces vacances en Italie au printemps.

Promenade italienne
Promenade italienne
Promenade italienne

La campagne toscane illuminée en fin d'après-midi, l'émerveillement papillaire d'un chianti parfait dans un petit resto bio à Volterra, les nuages sur la route du départ, les statues de sectes reclues dans le Verdon, l'explosion du vert tendre en ce début de printemps, les montagnes en terrasse et les piaggios vert ou rouge. Les chapelles isolées, les cloches de La Spezia à la nuit tombée et la mer qui appelle.

Promenade italienne
Promenade italienne

"Quand d'un côté l'on considère les immenses travaux des hommes, tant de Sciences approfondies, tant d'arts inventés ; tant de forces employées ; des abîmes comblés, des montagnes rasées, des rochers brisés, des fleuves rendus navigables, des terres défrichées, des lacs creusés, des marais desséchés, des bâtiments énormes élevés sur la terre, la mer couverte de Vaisseaux et de Matelots ; et que de l'autre on recherche avec un peu de méditation les vrais avantages qui ont résulté de tout cela pour le bonheur de l'espèce humaine, on ne peut qu'être frappé de l'étonnante disproportion qui règne entre ces choses, et déplorer l'aveuglement de l'homme qui, pour nourrir son fol orgueil et je ne sais quelle vaine admiration de lui-même, le fait courir avec ardeur après toutes les misères dont il est susceptible, et que la bienfaisante nature avait pris soin d'écarter de lui."

Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l 'inégalité parmi les hommes.

Promenade italienne
Promenade italienne

"Les études de nos satellites espions nous ont révélés que, malgré les prédations des hordes sauvages de bulldozers xyphophages hystériques, il y a encore des arbres à caoutchouc sur cette planète."

Desproges, Des femmes qui tombent

Promenade italienne
Promenade italienne

"J'ai réuni chez moi des jouets petits et grands, sans lesquels je ne pourrais vivre. L'enfant qui ne joue pas n'est pas un enfant, mais l'homme qui ne joue pas a perdu à jamais l'enfant qui vivait en lui et qui lui manquera beaucoup. J'ai construit ma maison comme un jouet, et j'y joue du matin au soir."

Pablo Neruda, J'avoue que j'ai vécu.

Promenade italienne
Promenade italienne

"Pourtant, parfois, je marche dans les rues d'une ville, au hasard, et tout d'un coup, en passant devant une porte au bas d'un immeuble en construction, je respire l'odeur froide du ciment qui vient d'être coulé, et je suis dans la case de passage d'Abakaliki, j'entre dans le cube ombreux de ma chambre et je vois derrière la porte le grand lézard bleu que notre chatte a étranglé et qu'elle m'a apporté en signe de bienvenue."

Le Clézio, L'africain.

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23 août 2014 6 23 /08 /août /2014 11:56
Carnet de voyage roumain - 4

Sibiù, 8 juin 2014, 9h

Réveil à Sibiù, après une nuit difficile sur le tapis de notre hôte.

Je suis dans la petite cour de la maison et le soleil passe à travers la vigne au dessus de ma tête. Les grosses pluies d'hier soir ont lavées le ciel.

Même jour, 14h30

Verre en terrasse. Chaleur écrasante.

Aurélie est montée dans la tour du conseil pour voir la ville d'en haut. Je suis restée en bas, mes genoux sont de plus en plus capricieux. Notre hôte me rejoint. Il m'informe que la Transfagarasan est fermée. Je suis à la fois déçue - j'aurais vraiment aimé prendre cette route - et soulagée - mes genoux sont morts et je ne me sens pas capable de faire du stop. Nous prendrons donc le train.

Carnet de voyage roumain - 4
Carnet de voyage roumain - 4

Même jour, 20h05

Je suis à nouveau sur les marches de la petite cour. Il y a un peu de vent, le temps s'est rafraichi et permet d'enfin respirer ! Je me sens un peu plus à l'aise ici, et la maitresse de maison est tordante et sans chichis. Elle nous a servi un solide repas, je digère doucement. Je suis contente d'enfin gouter de la cuisine maison. J'ai bien aimé une sorte de bouillon avec des quenelles de semoule et du persil frais.

Je n'aurais pas tout à fait eu l'occasion de découvrir Sibiù, envahie par les touristes venus pour le festival international de théatre et par les scènes qui jalonnent toute la vieille ville. Je sens que pour voir Sibiù, la vraie Sibiù, il faut venir en hiver, lorsque tout est recouvert de neige et qu'il y a peu de monde. J'attends avec impatience d'être à Pitesti (Pitechti), de trouver une auberge et de prendre une douche !

Carnet de voyage roumain - 4
Carnet de voyage roumain - 4

Dans le train entre Sighisoara et Sibiù, nous avons a nouveau croisé des enfants mendiants. Ils étaient 10, 15. Ils sont montés avec une femme. S'ils n'avaient pas été pieds nus et si sales, on aurait pu croire à une sortie scolaire, une sorte de classe verte. Ils sont passés devant notre compartiment, et de suite, une des petites filles est venue nous voir pour mendier d'un air suppliant. Pas de jouets à lui donner. Nous lui avons fait comprendre qu'on ne comprenait pas ce qu'elle disait et que nous n'avions rien à lui donner. Elle a insisté quelques minutes puis est partie. Ensuite, c'est un petit garçon qui est venu, puis deux. Même scénario, même réponse. Supposant - à raison - qu'un autre n'allait pas tarder à venir, j'ai commencé à faire des cocottes en papier, pendant qu'Aurèle confectionnait ce jeu en papier qui s'écarte dans un sens puis dans un autre. Lorsque l'enfant suivant est arrivé, je lui ai fais comprendre que je n'avais pas d'argent pour lui mais que je lui offrais la cocotte en papier. Il l'a prise et l'a regardé d'un drôle d'air, puis est parti.

D'autres enfant sont venus, dont certains si jeunes que ça m'a fendu le cœur de les voir mendier avec tant d'habitude, tant de nonchalance, presque sans même y penser. Quelque chose de naturel pour eux, de quotidien.

Les cocottes en papier n'ont pas vraiment fonctionné. Ils avaient beau avoir l'apparence d'enfants, leur misère leur avait enlevé toute trace de candeur. Ils voulaient de l'argent.

Le contrôleur a fini par arriver, les a fait détaler en les engueulant et en mettant une taloche derrière la tête du dernier de la troupe. Soulagement honteux.

Que faire ? Faire pleuvoir des plaquettes de pilule et des capotes au dessus de tous les endroits miséreux ? Faire pression sur le gouvernement pour qu'il utilise l'argent donné par l'Europe dans de vrais programmes d'amélioration (habitat, électricité, eau, éducation, agriculture paysanne...) au lieu de le détourner dans Dieu sait quoi ?

Mais à mon niveau ? A part des petites voitures et des cocottes en papier, je ne vois pas.

Essayer de trouver, parmi tous ces enfants blasés par la misère, ceux qui ont encore quelques étoiles au coin des yeux, et essayer de les allumer un peu, même l'espace de cinq minutes.

Carnet de voyage roumain - 4
Carnet de voyage roumain - 4

Dans le train entre Sibiù et Fagaras, 9 juin 2014, 12h53 (le train indique 23.01.2034 !)

Changement de programme, nous sommes dans un train pour Fagaras (Fagarach). En effet, lorsque nous sommes arrivées à la gare routière ce matin, la guichetière nous a dit que sans réservation, pas de bus. Plusieurs autres personnes étaient visiblement dans le même cas.

Après nous être posées à l'ombre, avoir acheté de l'eau et mangé un fruit, nous avons étudié les possibilités. Soit aller à Bucarest directement, ce qui ne nous tentait pas trop vu qu'on va déjà être trois jours là-bas, soit passer par Craiova, mais ce serait une solution longue en temps de trajet et couteuse, soit rester à Sibiù aujourd'hui... La dernière solution est de prendre la direction de Brasov en train, et de s'arrêter en chemin pour profiter de la campagne, et éventuellement de la montagne. Ainsi, nous ne faisons pas de longs détours, nous voyons les Carpates et nous allons nous retrouver dans une petite ville où il y aura surement moyen de trouver un hébergement à pas cher. Et demain, train vers Bucarest avec changement à Brasov.

Même jour, 17h

Enfin propre ! Bonheur de sentir bon, de n'avoir plus les cheveux et la peau collants ! Nous sommes arrivés à Fagaras en début d'aprem. La gare est bien excentrée et nous avons marché longtemps avec nos sacs, sous un soleil de plomb, dans des rues au bitume fracturé et très poussiéreuses. Le moindre camion faisant s'élever d'énormes volutes de poussière, façon Miyazaki. J'ai eu parfois, pendant ce voyage, la sensation de trouver des morceaux de Mayotte en Roumanie, mais jamais autant que dans cette large rue interminable, bordées de maisons et de minuscules épiceries. Chaleur, poussière, un peu de délabrement, et me voilà presque 17 ans en arrière. Nous avons fini par arriver au centre de Fagaras, guidées par une énorme église aux dômes dorés.

Toutes pouilleuses que nous étions, nous sommes rentrées dans le premier hôtel que nous avons croisé pour voir les prix, un hôtel trois étoiles genre "plus classe ici tu meurs". La réceptionniste à fait une drôle de tête en nous voyant. Nous sommes vite ressorties, tarifs chers même si encore abordables pour notre bourse. Dans la rue suivante, nous avons pu louer une chambre avec salle de bain pour 100 lei.
Ca va faire du bien de dormir dans un lit ! Le tapis d'Andrei fut rude !

Carnet de voyage roumain - 4
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Pension, Fagaras, 10 juin 2014, 9h30

Total pâté après une nuit bien reposante. Mes genoux me font mal en permanence. Souvent, je m'en accommode, mais là, ça m'énerve vraiment.

Nous petit-déjeunons d'un jus de fruits et de minis muffins au citron, mais le besoin d'une boisson chaude se faire sentir. Nous allons sortir en quête d'un chocolat ou d'un thé. Je regarde ma mine bronzée dans le miroir..

Même jour, 9h50

Thé noir cramberry-hibiscus sur une terrasse de café à 30 mètres de notre hébergement. Il fait déjà très chaud, le soleil tape fort. A l'ombre sous de grands parasols verts, bien installée sur de grands fauteuils aux coussins oranges, je resterais bien ici toute la journée !

En couchsurfing, Bucarest, 11 juin 2014, 2h40

Sur un mince futon dans la pièce de vie de Sabina, je détends mes muscles fatigués. Nopte buna...

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Même jour, 10h18

Après une nuit un peu difficile mais tout de même reposante, je suis allée à l'épicerie du coin nous prendre un solide petit déjeuner. Pain, confiture, lait, cacao, biscuits et jus de fruits, histoire de remercier notre hôte pour son accueil et le repas d'hier soir (nuit) qui était délicieux. La nuit était un peu agitée, entre les bruits que chacun faisait en dormant, le chat qui squattait entre nos jambes, le sol dur qui me faisait me retourner souvent... Encore 2 nuits par terre, puis une dans le train, et je serais à la maison.
Hier, nous avons eu quelques aventures dans le train. Le trajet entre Fagaras et Brasov fut tout à fait normal, c'est à partir de Brasov que ça s'est compliqué !

Comme nous n'avions pas beaucoup de temps pour le changement, nous avons sauté dans le train noté "Bucarest" que nous voyions à l'arrivée. Manque de pot, c'était un train IC, donc plus cher !
Nous avons fait les cruches auprès du contrôleur, qui était très gentil, car il ne nous a pas collé d'amende. Il nous a expliqué qu'on pouvait rester dans le train si on payait le supplément, ou descendre à Prédéal (la prochaine gare) pour prendre notre vrai train qui était derrière. Nous avons décidé de descendre, l'avons chaleureusement remercié et nous sommes arrivées à Prédéal.
Une fois sur le quai, nous lui avons proposé quelques lei pour le remercier, mais il a refusé.

Carnet de voyage roumain - 4

Le train suivant est arrivé et nous sommes montées dedans. Le contrôleur est arrivé, et pour la deuxième fois de la journée, nous avons entendu "Problema !"

Nous étions bien dans un train pour Bucarest, mais toujours pas dans le bon !

Ce contrôleur, bien plus bougon que le premier, était aussi sympa, et nous a dit de descendre à la prochaine gare pour prendre notre train, qui était, normalement, le suivant. Toujours sans amende ni supplément. Ces petits imprévus furent intéressants et instructifs en plusieurs choses.

La première est que la principale différence entre les trains bon marché et les autres est la propreté, et un peu, mais sans que ce soit réellement marquant, la vitesse.

La deuxième est que cela nous a permis de profiter un peu des montagnes, de l'air frais, du vent, de l'absence de pollution.

La troisième, que les contrôleurs roumains sont vraiment aimables même si parfois un peu rudes, et pas portés sur les backchiches.

Carnet de voyage roumain - 4
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Même jour, 12h

Sabina est partie, elle travaille jusqu'à 22 heures. Nous allons partir en quête d'un cyber-café et peut-être faire un ou deux musées. Il fait doux, beaucoup moins chaud qu'hier.

Carnet de voyage roumain - 4

Même jour, 17h30

Petit coup de blues, envie de retrouver mes montagnes, mon chéri, mon chez-moi, mon chat, ma douche, mon lit, ma cuisine.

Carnet de voyage roumain - 4

Bucarest, 12 juin 2014

Je suis dans le hall du musée du paysan roumain. Après avoir arpenté 3 salles, j'ai laissé Aurélie continuer seule. Il y a de nombreux costumes traditionnels, et de très beaux oeufs peints. Mais trop d'escaliers.

Carnet de voyage roumain - 4

Ensuite, nous irons manger, puis faire quelques courses pour ce soir - nous préparons le dîner chez Sabina - ainsi que quelques souvenirs. Si je vois une jolie petites bouteille de gnôle ou autre, par exemple. J'aimerais aussi beaucoup emmener quelques uns de ces cahiers lignés, fort agréables pour écrire et faciles à transporter.

Carnet de voyage roumain - 4
Carnet de voyage roumain - 4

13 juin 2014, 05h47

Dans le bus pour l'aéroport, je filme quelques minutes, les paupières encore plombées par la nuit trop courte et le réveil pressé.

Je ne sens pas exactement la rose. Je profite des derniers instants en Roumanie, à une heure où la ville est encore calme et où le soleil saupoudre une aura dorée sur tout, même sur les ghettos.

Carnet de voyage roumain - 4
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9 août 2014 6 09 /08 /août /2014 11:18
Les mots aimés

Quand j'étais jeune fille, je me plaisait à écrire dans les livres.

Le livre vivait, avec ses phrases soulignées, surlignées, hachurées, ses annotations dans les marges ou entre les lignes, ses coins cornés, ses tâches de chocolat ou de cappuccino, ses pages parfois volantes... Le livre vivait et moi avec.

Je le trimballais comme un compagnon, dans un sac ou une poche, dans les toilettes ou sous mon lit, entre deux cours ou entre le plat et le dessert.

J'avais le sentiment qu'il était essentiel de garder une trace des précédentes lectures et de voir s'amonceler, telle des strates de calcaire englobant des fossiles, les écritures et les signes, comme une sorte de sauvegarde de celle que j'étais. Une façon de remonter le temps, les traces d'encre en guise d'ancres.
Et lorsque je prêtais un de mes livres favoris, j'encourageais l'ami ou la connaissance à faire de même, à s'exprimer sur les pages blanches ou jaunies, à surligner les passages qui l'avait ému, à commenter les commentaires déjà existants.

Un livre m'a toujours paru être un support, et rien que cela. Rien de vénérable, rien d'ineffable. Hormis quelques ouvrages d'art, dont je prends soin autant que mon caractère peu soigneux me le permet.

Mais en dehors de ces cas qui se comptent sur les doigts d'une main, la beauté d'un livre n'a jamais été pour moi dans son essence physique, mais dans l'univers mental qu'il transporte.
Je suis tombée en amour pour des dizaines de plumes, des centaines d'univers, des milliers de livres. Souvent je les ai dévorés, à peine tombée dedans, à la lueur d'une petite lampe pour ne pas me faire remarquer lorsqu'il était trop tard et que j'avais école le lendemain. Parfois, je les laissais dans un coin entre deux pages, deux chapitres, l'esprit attiré vers un autre livre ou une autre occupation. Régulièrement, je les entrelaçais, lisant un morceau d'un, puis d'un autre, avant de commencer un troisième pour revenir ensuite vers le premier.

Ils m'ont suivis partout, tout le temps. M'ont aidé à me changer les idées dans les moments trop difficiles à supporter, ont sublimé certains moments de bonheur, ont accompagné mes voyages, m'ont fait réfléchir, m'ont fait avancer, m'ont éprouvés aussi.

Maintenant je n'écris plus dans les livres. Non pas que je n'en vois plus l'intérêt, mais j'ai simplement pris de la distance avec mon obsession de ne pas me perdre, de garder des traces de celle que je fus.
J'aime maintenant lire ces livres sans être parasitée par mes vieilles strates, sans voir ma lecture influencée par mes réflexions de jadis, sans sourire ou rougir de mes pensées d'alors.

En les lisant comme pour la première fois, en somme.

Mais ils resteront tâchés, cornés, effeuillés, trimballés dans un sac, oubliés à la rosée du jardin, tombés parfois derrière un meuble, utilisés comme arme contre les moustiques et que sais-je encore, car le papier n'a rien de sacré.

Les mots aimés

" [...] elle détestait les hommes aux odeurs de savon, lui, sentait sa journée, toute sa journée dans ses mains, ce qu'il avait touché avant elle, le sucre le café le peigne la chemise bleue les clefs l'argent le cuir la pluie le tabac le fer des chaises au Luxembourg son visage à elle au Luxembourg l'odeur mouillée de ses cheveux, et soudain il prit sa tête dans ses deux paumes ouvertes et l'embrassa [...] "

La pluie ne change rien au désir, Véronique Olmi

 

 


" - Qu'est-ce qu'il y a après ?

- Une boîte de pâté de foie. Ça ira ? "

Les fleurs bleues, Queneau

 

 

Les mots aimés

"J'ai bien assez à faire avec moi-même, moi dont le coeur et l'imagination recèlent tant d'orages..."

Les souffrances du jeune Werther, Goethe

Les mots aimés

"Pourtant, les souvenirs s'éloignent infailliblement, et j'ai déjà oublié pas mal de choses. Alors que j'écris ces lignes en essayant de me remémorer les faits, il m'arrive parfois d'être pris de panique. C'est parce que je réalise soudain que c'est peut-être le plus important que j'ai oublié. Je me demande s'il n'y a pas à l'intérieur de mon corps un endroit sombre, une contrée lointaine où mes souvenirs les plus importants s'entassent pour donner de la vase.

Mais quoi qu'il en soit, c'est tout ce dont je dispose actuellement. Ces souvenirs incomplets et flous, qui s'estompent de jour en jour, je les serres très fort contre moi et je les exploite à fond pour continuer d'écrire ces lignes, car je n'ai aucun autre moyen de tenir la promesse que j'ai faite à Naoko.
Il y a bien longtemps, quand j'étais jeune encore et mes souvenirs encore frais, j'ai essayé plusieurs fois de raconter ce qui s'était passé. Mais, à cette époque, j'en étais bien incapable. Je sentais que, si j'arrivais seulement à écrire la première ligne, le reste suivrait tout naturellement, mais je n'arrivais pas, justement, à écrire cette première ligne. Tout était trop net et je ne savais pas par où commencer. Il se passait exactement la même chose que lorsqu'une carte est inutilisable parce que trop précise. Mais, maintenant, je comprends. Finalement, je crois que seuls les pensées et les souvenirs incomplets peuvent venir se loger dans des phrases qui, par définition, sont incomplètes."

La ballade de l'impossible, Haruki Murakami

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12 juillet 2014 6 12 /07 /juillet /2014 07:47
Carnet de voyage roumain - 3
Carnet de voyage roumain - 3

Auberge de jeunesse, Sighisoara, 6 juin 2014, 11h15

Enfin du ciel bleu !

Je le surveille du coin de l'oeil, à travers le velux de notre dortoir, de peur qu'il ne vire au gris habituel.

Sighisoara (prononcer Siguichoara) est une très jolie petite ville. Je me sens enfin en Roumanie, dans cette municipalité d'environ 15 000 âmes en pleine campagne.

Le voyage en train fut riche en expériences, en questionnements et en odeurs. Mais j'écrirais tout cela plus tard. Pour le moment, j'aimerais aller faire un tour au marché avant qu'il ne disparaisse.

Carnet de voyage roumain - 3
Carnet de voyage roumain - 3

Même jour, 20h42

Je suis super fatiguée, sans avoir exactement pourquoi. C'est sur que nous avons pas mal marché aujourd'hui, et mes genoux hurlent. La citadelle de Sighisoara est vraiment belle.

Carnet de voyage roumain - 3
Carnet de voyage roumain - 3
Carnet de voyage roumain - 3
Carnet de voyage roumain - 3

Je repense au trajet en train, entre Brasov et Sighisoara.

Les gens qui s'accrochent aux portes avant même que le train ne soit arrêté, la puanteur qui saisit lorsqu'on entre en hâte dans le wagon, les gens sales, propres ou entre les deux, les bruits, les rires, les conversations.

Carnet de voyage roumain - 3

Derrière moi, des hommes se font tourner une bouteille de bière en plastique énorme, d'autres personnes ont de gros sacs de chantier reconvertis en sac à dos, un jeune homme, peau très pâle et yeux clairs, détonne - autant que nous, surement - au milieu de tous ces visages caramels et de ces yeux bruns. Autant les Roumains ressemblent comme eux gouttes d'eau aux autres caucasiens, autant les peuplades Roms, originaires d'Inde, se remarquent de suite, ce qui ne doit pas aider les discriminations à disparaître.


Une jeune fille, les yeux hagards, commence à parler, de plus en plus fort. Elle répète en boucle la même chose, que nous ne comprenons pas. Des accents de folie dans la voix. Elle finit par brailler tout à fait, et des mouvements, des agitations gagnent le reste du wagon, pourtant peu silencieux. Un homme lui donne un papier avec de la nourriture dedans, du salami je crois. Une autre femme s'approche et lui donne deux tranches de pain de mie. Elle se tait, mange, déguste avec un plaisir non feint. Ses yeux se baladent partout autour d'elle mais n'accrochent rien. Elle descend à une halte, même pas une gare, en rase campagne, avec la femme qui l'accompagne, une tante ou une mère.

Carnet de voyage roumain - 3
Carnet de voyage roumain - 3

Comme beaucoup de personnes présentes, elle vit apparemment loin de la ville, dans un des petits villages qui émaillent la campagne. Le train fait de nombreux arrêts au milieu de rien, et chaque fois plusieurs personnes en descendent, à même les rails.

La campagne roumaine est très belle, très verte. Il pleut dans le wagon.

Carnet de voyage roumain - 3

Le petit garçon a qui on a donné la voiture nous sourit de temps à autre. Il m'aura marqué.

Juste après que je lui ai offert le jouet, au lieu de partir, il est resté jouer à côté de nous, puis avec nous. Il parlait de temps en temps, attendait visiblement une réponse, mais je ne savais pas quoi lui dire qu'il puisse comprendre. J'ai fini par exprimer mon désarroi à haute voix : "Tu vois, je ne comprends pas ce que tu dis. Toi non plus, là, tu ne comprends pas, hein ? C'est un peu frustrant, tu vois !?" Il avait fait un drôle d'air puis avait souri de toutes ses dents. Nous avions continué à jouer un peu, il était parti rejoindre sa famille peu après.

Carnet de voyage roumain - 3
Carnet de voyage roumain - 3

Dans le train, entre Sighisoara et Sibiù, 7 juin 2014, 10h15

Nous avons un changement à Copsa Mica sur la pause de midi. Ce train est encore plus sale que le précédent et je bénis la menthe poivrée qui m'en épargne l'odeur. En effet, aucune fenêtre ne s'ouvre, et ça macère !

Contrairement au trajet précédent, il n'y a presque personne dans le train, nous avons un compartiment pour nous toutes seules.

A la gare de Sighisoara, alors que nous attendions notre train, un vieux monsieur est venu causer avec nous. Avec beaucoup de langage des signes, nous avons réussi a nous comprendre à peu près. On a discuté de la taille des villes, des accidents de la route, il nous a expliqué s'être cassé le dos en descendant du train, il y a quelques années. Il nous a dit avoir été à Paris quand il était jeune, et avoir pas mal voyagé car il était sportif. Il a plusieurs fois parlé du gouvernement corrompu, assassin, avec de grands mouvements des mains.

J'ai hésité à lui parler de Ceauscescu, puis ai osé. Ses yeux se sont embrumés, il a parlé, très vite, et même si je ne comprenais pas les mots qu'il prononçait, ses yeux et ses expressions, ses gestes et ses mimiques, tout évoquait l'impuissance, la terreur, la douleur, à quel point ça avait du être dur. Il m'a touché, ce vieux monsieur.

Lorsque nous sommes parties, il nous a fait un baise main, et tenus le bras, l'épaule. On lui a fait de grands signes d'au revoir à travers la vitre, jusqu'à ce qu'il disparaisse de notre vue.

Carnet de voyage roumain - 3

Même jour, 12h20

Pause à Copsa Mica, vieille gare délabrée en cours de modernisation. Nous déjeunons de tomates achetées hier au marché - délicieuses - d'oeufs durs et de chips.

Carnet de voyage roumain - 3
Carnet de voyage roumain - 3

La chaleur nous fait nous réfugier dans le café de la gare. Ambiance western roumain. Un jeune homme avec chapeau et bottes est la seule autre personne attablée dans la pièce. Je vois son profil quand il se tourne. Il est plutôt beau garçon.

La tenancière a cet air blasé que l'on croise sur tous les visages occupant ce genre de boulot. Les boulots où l'on s’ennuie, où l'on voit le temps passer, s'étirer, où rien ne semble changer jamais. L'air blasé des guichetiers, des tenanciers de bar et des balayeurs de rue.

Carnet de voyage roumain - 3
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5 juillet 2014 6 05 /07 /juillet /2014 07:05
L'aléatoire de la vulnérabilité

Parfois, le sentiment d'être gênée aux entournures refait surface. Il faut alors prendre du temps, prendre son temps, pour étudier les petites et grandes gênes et la manière dont elles nous froissent, nous fâchent, nous compressent.

Toute la difficulté est de déterminer si l'état dans lequel nous constatons être est lié à la fatigue et donc temporaire, ou s'il est le signal d'alarme que quelque chose n'est pas normal. Et ce diagnostic est difficile parce qu'il influence directement la manière dont on va s'occuper de la gêne.

Soit c'est simplement de la fatigue, ou quelques petits éléments extérieurs spontanés sans gravité, et la gêne partira donc toute seule, avec du repos et du recul, car sa nature est d'être temporaire ; soit c'est autre chose, c'est plus complexe, c'est plus profond, et la gêne est un gong, un symptôme, une mise en garde : "attention, ce que tu fais ne te corresponds pas" ou "tu te fais du mal dans cette situation".

Etant particulièrement friande de métaphores aléatoires, je dirais que c'est comme être en apnée. Ton corps, au bout d'un moment, te fait signe que tu manques d'air. Comment interpréter ce signal ? Soit tu es en train de t'entraîner à l'apnée, dans un cadre sécurisé, et tu repousses cette alarme le plus longtemps possible pour améliorer tes performances. Soit tu n'es pas du tout dans cette optique ni cette sécurité et alors tu as intérêt a vite écouter ton corps, car tu risques de te noyer.

Et vient donc le plus difficile : déterminer dans quelle situation l'on est.

Car un diagnostic, malgré son but objectif, est forcément subjectif, car effectué par un être humain, et il peut être réviser à chaque changement d'humeur ou nouvel élément. A tel moment, l'humain aura le sentiment, réel ou erroné, d'être en danger, et à d'autre, il se dira que tout va bien et qu'il maîtrise parfaitement la situation, à tort ou à raison.

Et puis, il y a des situations où l'on choisit de ressentir de la gêne, même intense, pour progresser, comme le nageur en apnée. Mais à quel moment le signal devient insupportable ? Quel outil fiable permettrait de constater que la jauge est dans le rouge et qu'il faut s'arrêter là ? Et lorsqu'on est tiraillé entre plusieurs faits : que l'on adore, non pas l'apnée, mais ce que l'on en fait, et que malgré tout on s'épuise et qu'on se met en danger, qu'est-ce qui permet de faire un diagnostic ?

Car le risque est de s'épuiser et de finir aussi cuite que la grenouille dans sa casserole.

Et quand on n'a la vocation ni de la grenouille, ni de la casserole, faut-il simplement s'extraire de la cuisine ou bien devenir l'eau ?

L'aléatoire de la vulnérabilité

"La seule chose qui change à mesure que tu évolues, c'est l'idée que tu te fais de ce qui te sert. Et elle est fondée sur ce que tu as l'impression d'essayer de faire.

Si tu veux aller à Seattle, rien ne te sert d'aller à San Jose. Il n'est pas «mauvais du point de vue moral» d'aller à San Jose - cela ne t'est pas utile, tout simplement.

La question de ce que tu essaies de faire, alors, devient une question de première importance. Non seulement dans ta vie en général, mais à chaque instant de ta vie en particulier. Car c'est à chaque instant de vie qu'une vie se crée."

CAD, Neale D. Walsch

L'aléatoire de la vulnérabilité

"J'ai détesté chaque minute de cette partie de la recherche. J'ai toujours cherché des manières d'affronter mon épuisement et mon anxiété. Je voulais rendre "cette vie-là" plus facile, pas cesser de "vivre comme ça"."

Brené Brown

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28 juin 2014 6 28 /06 /juin /2014 11:35
Carnet de voyage roumain - 2
Carnet de voyage roumain - 2

Parc du théâtre, Brasov, 4 juin 2014, fin d'après-midi

Il y avait longtemps que je n'avais pas eu la sensation d'ivresse en pleine ville, assise sur un banc d'un petit parc humide. Le ciel offre toutes les tonalités de gris, qui se reflètent dans les vitres du théâtre de Brasov.

Le ronronnement de la circulation se mêle aux oiseaux du parc. Je savoure cet instant à 2000 kilomètres de chez moi.

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Pension, Brasov, 5 juin 2014, 11h

Le temps est toujours gris, avec quelques averses. Brasov est une jolie ville, bien plus proprette que Bucarest. De nombreux bâtiments sont rénovés et le vieux centre est plutôt grand. Nous avons trouvé une chouette pension où nous louons un studio pour rien du tout.

La première nuit, nous sommes allées dans une auberge de jeunesse recommandée par le guide en notre possession. Nous aurions du nous abstenir ! Auberge très propre, étincelante même, mais hôtesse peu accueillante, voire militaire, énonçant dès notre arrivée tous les interdits de la maison, en nous regardant de la tête aux pieds.

Dans la salle de bains, de nombreux panneaux rappelaient de manière impérative de ne pas laisser d'eau sur le sol, ce qui était bien compliqué vu la petitesse des lavabos et de la serviette faisant office de serpillière. Dans notre dortoir, heureusement assez vide, étaient installés deux garçons. Un roumain d'une cinquantaine d'années, qui s'est endormi très tôt et a fait à l'aise le tour du cadran, et un français de notre âge, qui avait pris le même avion que nous et qui était originaire de Rennes, ce qui nous a permis de deviser en mode "ah ! que le monde est petit !". Il expliquait être en voyage pour 2, 3 mois et allait faire du woofing au nord de Cluj-Napoca.

De notre côté, nous sommes parties au plus vite de cette désagréable auberge et sommes allées en direction du centre-ville. Après un petit déjeuner sur la plus grande place de Brasov, nous avons commencé à démarcher les pensions et autres auberges.

Carnet de voyage roumain - 2
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Une seule fois a suffit, auprès de cette pension - restaurant indien, au fond d'une impasse sombre sur une des rues principales.

Et voilà comment, avec 5 lei de plus par personne (45 lei, soit environ 10,20 euros), nous nous sommes retrouvées dans un petit appart avec salle de bain et cuisine aménagée. Nous devions avoir une chambre double avec salle de bain, mais la chambre n'étant pas prête, ils nous ont proposé ce studio pour le même prix.

Ca m'a fait du bien de rester un peu posée, avec un endroit à nous, où on peut revenir à notre convenance, où je peux reposer un peu mes genoux, où je peux me sentir un peu comme à la maison. Nous partons dans une heure mais j'aurais bien apprécié ce petit studio aux meubles vieillots et à la rénovation approximative.

Carnet de voyage roumain - 2
Carnet de voyage roumain - 2

Aurèle revient du cybercafé avec de bonnes nouvelles ; elle a pu imprimer nos cartes d'embarquement pour le vol retour, et on a enfin eu une réponse de couchsurfing pour Sibiù. En effet, notre budget se retrouve sacrément entamé lorsqu'on doit trouver un hébergement en ville.

Hier, nous nous sommes tout de même fait le plaisir de prendre le téléphérique de Brasov pour voir à quoi ressemble la ville et les environs, d'en haut.

Il pleuvait bien sur, mais ça a fini par se découvrir et on pouvait deviner les carpates, au loin.

Accoudées à la balustrade, à côté des immenses lettres BRASOV façon Hollywood, nous avons picniqué en faisant sécher nos kways.

Carnet de voyage roumain - 2
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Carnet de voyage roumain - 2
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Je renouds avec le plaisir de m'ennuyer un peu, de prendre le temps, de voir mon quotidien rythmé par mes besoins basiques : dormir, manger, m'émerveiller.

Pas d'internet, pas de boulot, pas ou peu d'horaires. De vraies vacances.

Le seul écran auquel j'ai accès est la petite télé cathodique du studio, que nous avons allumée deux fois histoire de voir ce qui passe à la télé roumaine. La même chose que partout : chaînes d'informations, séries sentimentales, clips musicaux... Nous avons vite éteins le poste, cherchant d'autres occupations comme des jeux de devinette, ou des parties de petit bac parfois laborieuses !

J'espère que le temps va se découvrir un peu, et que nous verrons bien le paysage entre Brasov et Sighisoara. Et j'ai hâte de voir cette dernière, qui est, parait-il, une des citadelles médiévales les mieux préservées d'Europe.

J'aimerais également gouter à la cuisine traditionnelle, nous n'avons pas encore vraiment eu l'occasion de le faire pour l'instant.

Les roumains ont une curieuse habitude : ils mettent la musique très (très) fort dans leurs restaurant. On se croirait en bar de nuit ! Cette manie nous agace passablement et nous laissent un peu perplexes !
Je vais finir de ranger mes affaires, puis nous allons rendre les clés de de notre petit "chez-nous" avant d'aller prendre le train.

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Même jour, 13h

Les oiseaux de la gare pépient de concert avec l'annonce musicale annonçant les arrivées et les départs dans un bazar assourdissant. Les musiques d'annonce des gares roumaines sont souvent stridentes et pompeuses. J'ai faim.

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Même jour, 13h30

Nous sommes allées attendre sur le quai, loin des oiseaux et des haut-parleurs. Deux enfants, de 10, 12 ans, jouent sur les quais et font la manche. Je dis "Nu", je me sens coupable. Je sais parfaitement que leur donner quelques bani ne changera rien à leur condition. Mais je me sens coupable quand même, tout en sachant que si je leur donnais quelque chose, ce serait pour moi, pour la paix de l'esprit, pour quitter cette ville, ce pays, avec la conscience tranquille. Alors je me répète "N'oublies pas, n'oublies pas" en les regardant se courir après en riant.

...

Un autre enfant, plus jeune, peut-être 7, 8 ans, vient nous demander de l'argent. Aurèle me rappelle l'existence de la petite voiture trouvée dans un kinder à Paris. Je la lui donne, il dit plein de choses avec un grand sourire, je ne comprends que multumesc. On se dit qu'il faudra qu'on achète des petits jouets dans ce genre pour les enfants que l'on croise.

"N'oublies pas".

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22 juin 2014 7 22 /06 /juin /2014 07:35
Carnet de voyage roumain - 1

Gare du Nord, Bucarest, 2 juin 2014, 12h

Temps orageux, chaleur moite.

Cette ville ne cesse de m'étonner. Pleine de paradoxes, elle est difficile à cerner. Des centres commerciaux neufs et gigantesques côtoient des quartiers délabrés.

Il est parfois difficile de savoir si tel ou tel bâtiment est occupé ou à l'abandon. Souvent, des blocs entiers, à moitié écroulés, se laissent deviner sous d'immenses pubs pour un iphone ou une boisson.

Carnet de voyage roumain - 1
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Le vieux centre est clairement touristique. Je l'ai trouvé sympa, mais sans plus. Dénaturé. Je préfère le quartier de la gare. Je trépigne à chaque construction abandonnée, et je trépigne souvent !
La grosse majorité des endroits décrépis semblent avoir été splendides autrefois.

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Je me demande si la province est à l'image de Bucarest.

Cette ville me plait par son originalité, mais je suis contente de la quitter pour le moment, impatiente à l'idée de voir les Carpates et de respirer de l'air pur.

La ville, sale, polluée, hantée par quelques effluves communistes, parfois miséreuse, me laisse une sensation d'étouffement.
Ville paradoxe, que je prendrai plaisir à explorer plus en profondeur en fin de séjour.

Les roumains, ou devrais-je dire les bucarestois, sont, pour le moment, au pire indifférents, souvent aimables et serviables, notamment les femmes de 50/60 ans. Grâce à plusieurs d'entre elles, nous avons fréquemment trouvé du premier coup notre destination.

Nous nous attendions à voir énormément de chiens errants, mais il semble qu'il y ait eu du "nettoyage" ces dernières années. Nous les comptons donc, ces pauvres canidés pelés et sales, souvent solitaires, ce qui nous rend un peu tristes pour eux. Pour le moment nous en sommes à 6.

Carnet de voyage roumain - 1
Carnet de voyage roumain - 1
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Le métro bucarestois m'a fait une grande impression. Des tunnels carrés, au lieu des arrondis de Paris, du métal, de grandes colonnes, des couleurs sombres. J'imagine le métro moscovite un peu comme ça.
Mis à part les nonchalants agents de la RATB, le métro est très bien. Celui que nous avons pris n'a pas de séparation entre les wagons, ce qui donne l'impression d'être dans un immense wagon articulé.

La population est très hétérogène. Des lolitas, des clochards, des jeunes cadres dynamiques, des ouvriers, des enfants, des vieillards, des modernes, des qui semblent arriver du passer...

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Notre statut de touristes françaises semble bien passer. On est souvent aimable avec nous, et nos efforts pour dire quelques mots de roumain semblent être appréciés. Nous ne nous sommes pas faites abordées de manière désagréable pour le moment. La langue roumaine ressemble beaucoup, oralement, à l'italien, et je me surprends régulièrement à dire "Grazie" au lieu de "Multumesc" ou "arrivederci" au lieu de "la revedere". Je communique donc avec un mélange de roumain-italien-anglais-français.

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1 mai 2014 4 01 /05 /mai /2014 19:10
Holidays, oh ho holidays !

Débrancher du boulot, éteindre les pc, le téléphone, le frigo, oublier l'agenda, emporter quelques livres, laisser une montagne de croquettes au chat, demander aux voisins de s'occuper des poules, emmener les semis à belle-maman, chiper un réchaud à beau-papa, embarquer quelques réserves de nourriture, aménager la voiture, ne pas oublier le chapeau de paille...

Italie, je suis toute à toi.

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